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Relation véridique de ma naissance, de mon éducation et de ma vie

 

Margaret Cavendish

 

Traduction, annotations et postface de Constance Lacroix

Préface de Line Cottegnies

Paris : Éditions Rue d’Ulm, « Versions françaises », 2014

Broché. 137 pp. ISBN 978-2728805136. 14 €

 

Recension de Guyonne Leduc

Université Charles de Gaulle – Lille 3

 

Cette collection offre la première traduction française de The True Relation of My Birth, Breeding, and Life (1656), de Margaret Cavendish (1623-1673), conduite avec brio et finesse. La préface [5-10] de Line Cottegnies, initiatrice, en France, des études sur la duchesse de Newcastle, polygraphe hors du commun (14 volumes [74]) – notre collègue a signé la traduction de The Blazing World (1666), publiée sous le titre Le Monde glorieux (Corti, 1999) –, constitue une synthèse éclairante pour qui ne connaît pas « Margaret the First » (préface de The Blazing World) et la « pulsion autobiographique » de son « amour-propre vigoureux » [5] qui préside à l’écriture de cet égodocument.

Les 97 notes, savantes sans être pédantes, ajoutées par Constance Lacroix à l’issue de sa traduction, sont toutes pertinentes : tantôt elles élucident un point d’Histoire [n. 13, 14, 18, 27, 37, 42, 53…], tantôt elles fournissent une référence intertextuelle à une autre œuvre de la duchesse, notamment liée à son « système » philosophique [n.  5, 6, 8, 10, 68, 77, 82…], tantôt elles s’attachent à une figure de style [ n. 17, 40, 62, 64, 87…], voire à une prononciation locale [n. 49].

Le titre programmatique de la riche postface structurée en trois parties, « ‘Vivre dans le souvenir  de la postérité’. Margaret Cavendish ou le refus de l’effacement » [73-123], résume parfaitement l’ambition personnelle et la visée posthume de l’auteur de ce récit d’un nouveau genre, dont Constance Lacroix qualifie ainsi l’objet : « le soi dans sa singularité absolue » [75].  La première partie, « Rédaction et publication des Natures Pictures » [77-92], fournit des éléments relatifs au contexte biographique de l’auteur, puis à « l’écriture du moi au XVIIe siècle » [86], soulignant la spécificité de ce récit par rapport à ceux d’autres femmes, telles Lucy Hutchinson ou Lady Anne Halkett. D’après « Défense et illustration du moi écrivant » [92-111], Margaret Cavendish écrivait pour ses contemporains afin de se justifier et de se défendre de deux rumeurs, ou même de deux accusations : « folie et plagiat » [92] ; les idiosyncrasies stylistiques sont ici analysées. Animée d’un « désir d’immortalité » [114], elle (s’)écrivait aussi et surtout pour la postérité, convaincue et persuadée qu’elle était de son génie ainsi qu’habitée par la crainte du néant [117], comme s’attache à le démontrer la troisième partie, « Margaret Cavendish et le désir de gloire » [111-123]. Une chronologie [125-29] et une bibliographie hiérarchisée [131-136] viennent clore cet ouvrage érudit et précieux pour les non-anglicistes / non-anglophones.

 

Cercles © 2014

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