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Travaux de diachronie, 3

Histoire de la langue anglaise : Évolution et système

 

Numéro préparé par Jean-Paul Régis et Fabienne Toupin

 

Tours : Université François Rabelais, 2006. 106 pages.

ISBN-13: 978-2869062252

 

Recension de Paul Larreya

Université Paris XIII

 

 

L’ouvrage – actes du colloque ALAES-AMAES-GRAAT qui s’est tenu à Tours en 2001 – comprend deux parties. La première partie, constituée de cinq articles (Guy Bourquin, André Crépin, Fabienne Dedieu, Céline Romero et Fabienne Toupin), présente des travaux de recherche sur des problèmes spécifiques de la diachronie de l’anglais (et éventuellement du français). La seconde partie comprend trois articles (Patrick Gettliffe, Jean-Pascal Pouzet et Ariane Lainé) qui rendent compte d’une partie du travail effectué pendant le colloque dans des ateliers consacrés à l’étude de textes de vieil-anglais.

 

L’essentiel de l’article de Guy Bourquin, « Domaine modal et diachronie : où est le (dia)système ? », est fondé sur « un sondage étymologique sur quelques vocables (devenus) modaux du français et de l’anglais », sondage effectué à partir de quelques mots latins et germaniques et de racines indo-européennes. L’auteur s’intéresse aux mutations sémantiques que ces éléments lexicaux ont subies, montre l’émergence de sens modaux dans les familles étymologiques concernées et, d’une façon très originale, fait apparaître des constantes dans la façon dont des systèmes se sont constitués. Ces derniers, qu’il représente par des schémas « en came », apparaissent comme le résultat d’une relation dialectique entre l’ici et l’ailleurs, entre la présence ou l’absence, ou entre diverses relations spatiales constitutives de l’« être ».

 

Dans « Quelques enseignements tirés de la comparaison entre l’Historia ecclesiastica gentis anglorum de Bède et sa version vieil-anglaise », André Crépin, commente (et éventuellement rectifie) la traduction en vieil-anglais, effectuée environ un siècle et demi plus tard, et attribuée au roi Alfred, de l’Historia ecclesiastica gentis anglorum de Bède (731). Il compare également le texte en vieil-anglais de l’Hymne de Caedmon et sa traduction en latin par Bède. Cet article intéressera aussi bien les historiens de l’Angleterre du XIIe siècle (il est notamment question de la guerre entre les rois de Northumbrie et de Mercie) que les linguistes diachroniciens (notamment sur l’histoire des pronoms personnels et relatifs de l’anglais).

 

L’article de Fabienne Dedieu, « L’évolution des intensifs en moyen-anglais », traite de l’évolution sémantique de six adverbes intensifs du moyen-anglais, dont trois (swide, wel et full) sont d’un usage fréquent, et trois autres (wonder, ferly et selly) sont relativement peu usités ; pour chacun d’entre eux, il montre comment, en relation avec le phénomène d’usure, s’est développé le sens intensif (ou de « haut degré ») à partir d’un sens beaucoup plus spécifique.

 

Céline Romero s’intéresse dans « Syntaxe des perfecto-présents en vieil-anglais » [45-58] à une catégorie de verbes du vieil-anglais auxquels on peut par commodité donner le nom de verbes modaux, et qui n’entrent pas dans l’une des deux grandes catégories de verbes « lexicaux » (verbes forts et verbes faibles). Elle décrit les propriétés morpho-syntaxiques les plus significatives de ces verbes (en particulier, elle souligne l’importance de leur place dans le groupe verbal, apparente dès le vieil-anglais), et les analyse dans le cadre du programme minimaliste de Chomsky (1995).

 

Avec « Le préverbe be- du vieil-anglais » Fabienne Toupin propose quelques hypothèses qui s’appuient en partie sur les travaux de Brinton (1985 et 1988) et de Fraser (1985 et 1982) mais n’en sont pas moins très originales. Ces hypothèses mènent à la description d’un invariant pour be- (vu essentiellement comme un « filtre »), et en fait elles vont beaucoup plus loin que la description sémantique du préverbe : elles font apparaître la relation entre le sens de be- et des problématiques comme celles de la transitivité ou de la diathèse.  

 

Le travail dont il est rendu compte dans la seconde partie de l’ouvrage consiste, pour les deux premiers articles (Patrick Gettliffe, « Atelier de traduction –  moyen-anglais, niveau 1 : débutants –  étude d’un extrait des chapitres VII et VIII d’Appolonius de Tyr » et Jean-Pascal Pouzet, « Atelier de traduction (moyen-anglais, niveau 3), Genesis and Exodus, vers 471-492 »), en un déchiffrage lexico-syntaxique et en une traduction du texte étudié, et pour le troisième article (Ariane Lainé, « Atelier de paléographie (moyen-anglais, niveau 2) ») en un déchiffrage paléographique de deux folios d’un texte qui est la traduction moyen-anglaise d’un exemplum latin.

 

Cet ouvrage ne manquera pas d’intéresser non seulement les spécialistes de la diachronie, mais aussi tous ceux qui souhaitent mieux connaître les apports potentiels de la diachronie à la recherche en linguistique synchronique.

 

 

 

 

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